L'occupation Allemande

Belfort au lendemain de la reddition, gravure allemande ©Musée(s) de Belfort

Le 18 février au matin, les officiers français du Génie rendent les forts aux Prussiens. L’après-midi, 2000 à 2500 soldats prussiens défilent devant leur état-major. Triste défilé pour les habitants de Belfort, qui ignorent à ce moment-là si la ville connaîtra le sort de l’Alsace et l’annexion à l’Empire allemand. Témoin direct de la scène, Edouard Doll (garde mobile du Haut-Rhin et infirmier) reconnaît toutefois dans son journal du siège que ce défilé a été mieux exécuté que tous ceux auxquels on est habitué côté français.

Ce même 18 février, le drapeau prussien est hissé au haut de la Citadelle, évènement qui est célébré par la garnison allemande en tirant 101 coups de canon depuis les forts.

Le lendemain, les troupes d’occupation allemandes placardent sur les murs de la ville une ordonnance émanant de l'autorité prussienne, destinée à règlementer les conditions d’occupation (logement des troupes, attitude de la population, police, etc.). Cette ordonnance restera en vigueur jusqu’à la fin de l’occupation en août 1873. Ce régime d’occupation est très rigoureux avec énormément de contraintes pour la population. Au fil du temps, les autorités allemandes en allègeront certains des aspects les plus difficiles pour les Belfortains, qui en garderont toutefois une réelle amertume dans leurs souvenirs.

Notons quelques signes de bienveillance de l'autorité occupante comme l’apport d’une aide financière à la paroisse protestante pour la rénovation de l’oratoire de cette communauté qui a été endommagé suite au bombardement*.

Parmi la douzaine d’articles rédigés en allemand par l’autorité en place, on découvre, que les Belfortains sont assujettis à un couvre-feu et que tout égarement vis-à-vis de l’occupant est passible de mesures punitives.

Studio Gerst et Scmidt, l'arsenal, tirage albuminé contrecollé sur carton, février 1871 ©Musée(s) de Belfor

De nombreux charretiers sont réquisitionnés par l’autorité allemande afin de procéder à l’évacuation par les habitants des monceaux de gravats en tout genre qui bloquent les passages, les rues, et les places publiques dans Belfort et encombrent la Citadelle. Mais la charge la plus lourde est dans les premières semaines l’hébergement des 5000 soldats allemands. La population en prend en charge une partie avec amertume.

Les casernes, forts et bâtiments militaires sont inhabitables vu leur état de vétusté après le siège. Le génie allemand fait appel à l’entrepreneur Stractmann afin d’édifier des baraquements en bois dans les enceintes militaires de la place et consolider une partie des bâtiments existants. Différentes entreprises locales sont également sollicitées pour l’aménagement intérieur de ces habitations temporaires (peinture, tapisserie, mobilier), la fourniture d’équipements de chauffage, ainsi que les combustibles.

L’ensemble de ces installations sera démantelé entre juin et août 1873 à l'approche du départ des troupes allemandes.

Celles-ci quitteront définitivement la ville le 2 août 1873 par la porte de Brisach, laissant à la France Belfort et ses 105 communes environnantes (101 aujourd'hui), tel que prévu par le traité de Francfort ratifié le 10 mai 1871.

L’arrondissement de Belfort, arraché à l’Alsace devenue Allemande, deviendra un réel et nouveau département français en 1922, baptisé Territoire de Belfort.

* : Registre du conseil presbytéral de la paroisse Belfort–Giromagny, septembre 1871