Les forces en présence côté Allemand

Tenues de l'armée prusienne (source gallica.bnf.fr / BnF)

Au nord, depuis 1866, le royaume de Prusse dirige une confédération d’états sous son hégémonie. Le sud allemand reste indépendant avec les royaumes de Wurtemberg et de Bavière, ainsi que les duchés de Bade et de la Hesse Cassel.

Avec la déclaration de guerre et les alliances défensives actées les années précédentes, l’armée prussienne s’enrichit de celles des autres états. Le haut-commandement est assuré par le généralissime prussien von Moltke.

Chaque troupe des états indépendants garde une réelle autonomie administrative mais contribue à la stratégie globale du grand-état-major prussien.

Le royaume de Prusse dispose d’une prééminence militaire dans l’ensemble de l’espace germanique. Son armée a connu de vastes réformes tant en matière de recrutement que d’acquisition de matériel de pointe dans tous les domaines. Cette efficacité est le fruit de la mise en place de la « Kriegsakademie » qui forme un noyau de cadres de très haute qualité.

En 1870, dans tous les états allemands, le service militaire est obligatoire.

Durant le siège de Belfort, l’infanterie de l’armée assiégeante est principalement composée d’unités prussiennes (active et landwehr).

L’infanterie de l’armée active se compose de trois bataillons du 67 régiment d’infanterie de Magdebourg. On peut reconnaître ses soldats grâce à leur bonnet de police bleu foncé avec une cocarde blanche et noire. Au combat le bonnet était remplacé par un casque à pointe (fabriqué en cuir bouilli qui offrait une protection toute relative), une tunique bleu foncé, un ceinturon blanc soutenant deux cartouchières et un pantalon noir avec passepoil rouge.

1870, l'armée prussienne à Sedan, image allemande, fin XIXe (source gallica.bnf.fr / BNU de Strasbourg)

Chaque soldat prussien est particulièrement bien habillé et chaussé pour affronter l’hiver et les combats.

Les soldats prussiens sont équipés de fusils Dreyse, un des premiers fusils de guerre à chargement par la culasse. D’un calibre de 15,4 mm, il est doté d'un canon rayé augmentant sa portée et sa précision. Il permet aussi une cadence de tir de 6-8 coups par minute.

A l’armée d’active s’ajoute la landwehr, qui compose la grande majorité des troupes d’infanterie assiégeantes avec 27 bataillons. La landwehr est l’équivalent allemand de la garde nationale mobile française.

Au total, ce sont près de 23000 fantassins qui participent au siège de Belfort.

Les troupes de cavalerie se composent de plusieurs escadrons de uhlans, soit 1050 hommes et chevaux.

L’artillerie de campagne compte 6 batteries avec 870 hommes environs et 22 canons légers. L’artillerie de siège totalise 24 compagnies et 4800 artilleurs, qui montent 42 batteries et servent environ 150 canons ou mortiers. La plupart de ces unités ont participé activement au bombardement de Strasbourg, Sélestat et Neuf-Brisach.

Le génie militaire enregistre 6 compagnies avec 1200 pionniers.

Il faut noter que la plupart des soldats allemands ne rentrent pas chez eux durant tout le conflit, de juillet 1870 à février-mars 1871. Il n’y a pas de permission.

Les troupes allemandes cantonnent chez l’habitant et réquisitionnent ce dont elles ont besoin.

A partir du 16 novembre, l’armée allemande reçoit des renforts. Au fil des jours, elle bénéficie de nouvelles troupes et de nouveaux équipements. Finalement, ce sont plus de 36000 soldats allemands qui viennent se battre à Belfort (côté français, la défense de Belfort dispose seulement d’environ 17000 hommes).

Toutefois, la résistance héroïque des troupes françaises et la performance balistique de son artillerie rendent les troupes allemandes nerveuses. Les soldats allemands ont peur de venir se battre à Belfort. Pour beaucoup d’entre eux, le siège de Belfort restera une réelle épreuve.

Poème d'un soldat allemand publié au lendemain de la guerre

L’enfer de la bataille de Belfort restera longtemps gravé dans la mémoire de l’armée allemande.