Le combat des Basses-Perches

Plan du fort des Basses-Perches, extrait d'un cours de fortification, fin XIXe (source gallica.bnf.fr / BnF)

Le fort des Basses-Perches comprend des blockhaus pouvant accueillir 100 hommes le long du fossé de gorge qui étaient recouverts de poutres à l’épreuve des obus. Les murs sont construits en maçonnerie sèche (4 m de hauteur et 4 m d’épaisseur) et les fossés (3 m de profondeur et 4 m de largeur) sont taillés dans la roche.

A la déclaration de la guerre en 1870, les forts des Perches sont armés et leur construction se termine à la demande de Denfert-Rochereau qui en fait une clef dans la mise en œuvre de sa stratégie militaire.

Depuis les forts des Perches, l’artillerie française peut lancer des projectiles vers Danjoutin, sur des terrains sur lesquels s’exécutent des travaux d’aménagement de l’artillerie allemande.

En fait, les Prussiens sont bien renseignés sur l’état des ouvrages, ils ont trouvé dans les archives du génie de Strasbourg, l’ordre de construction du général Doutrelance en date du 17 juillet 1870.

Le Général von Tresckow est d’avis qu’une attaque peut réussir. Il est convaincu que la prise des Perches est la solution pour faire tomber la place. Depuis ce point haut, il pourra ainsi viser plus facilement la Citadelle et engager l’offensive décisive. C’est dans cet esprit que von Tresckow ordonne l’assaut des forts des Perches dans la nuit du 26 au 27 janvier 1871.

Vers 18h30, 5000 à 6000 prussiens se ruent sur l’ouvrage à la faveur de la nuit. On assite à un combat de haute intensité. L’assaut se solde par un cuisant échec. L’ordre est donné de se replier. Les deux forts des Perches ont tenu bon.

L’énergie déployée par les troupes françaises ainsi que la précision de tir de leur artillerie depuis la Citadelle ont été déterminantes. Les allemands vivent un véritable enfer, les pertes sont considérables, on dénombre 212 tués et 225 prisonniers dont 6 officiers (sources allemandes).

L'illustration n°2036, mars 1882, L'assaut des Perches ©Musée(s) de Belfort

Tandis que côté français, on déplore seulement 13 tués (dont l’héroïque Capitaine Journet qui, blessé par balle alors qu’il était évacué sur une civière, continuait à haranguer ses hommes pour les porter à l’attaque lorsqu’une deuxième balle prussienne l’a tué) et 41 blessés.

L’héroïsme des soldats français de « L’affaire des Perches » sème un vent de terreur au sein des troupes allemandes, elle est baptisée la « totenfabrik », « la fabrique de cadavres ».

Quand les soldats allemands ont ordre de se diriger sur les Perches, une peur panique les saisit. Certains pleurent, d’autres sanglotent et même gémissent … « Das ist ein Teufelposten !!! Wir gehen in den Tod !!! » « C’est un poste du diable. Nous marchons à la mort ! ».

Assaut des Perches, lithographie allemande réhaussée en couleur, après 1871 ©Musée(s) de Belfort

A partir du 1er février 1971, les allemands reprennent l’offensive. Les conditions météorologiques sont très difficiles. Les défenseurs français sont fatigués. Il ne cesse de pleuvoir, ils ont froid. Ils dorment peu. Il y a beaucoup de malades.

Côté allemand, des troupes fraiches et des pièces d’artillerie sont venues renforcer le dispositif.

On apprend la capitulation de Paris et la suspension des armes pour le reste de la France à l’exception des départements situés au Sud-Est. Confirmée, cette nouvelle provoque le découragement parmi les troupes de la garnison française.

La situation devient critique côté français. On assiste à un déferlement de feu allemand. Une pluie d’obus incessante s’abat sur la place. Von Tresckow veut en finir.

Dans la nuit du 4 au 5 février, le colonel Denfert-Rochereau donne l’ordre de commencer l’évacuation du matériel pour empêcher qu’il ne tombe entre les mains de l’ennemi au moment de la prise du fort.

Le 6 février, les forts des Perches sont abandonnés sur l’insistance du Capitaine Thiers qui considère la situation comme intenable.

Le 8 février, les troupes allemandes prennent possession des forts et lancent d’importants travaux d’aménagement pour une grande offensive sur la Citadelle : des tranchées sont creusées et des places d’artillerie lourde sont construites.

A-K, Les Basses-Perches aux mains des soldats prussiens, gravure sur acier, 1871 ©Musée(s) de Belfort

Des tractations politiques sont en cours entre les gouvernements français et allemands. Le 15 février 1871, le Colonel Denfert-Rochereau sur instructions gouvernementales annonce la reddition de la place de Belfort.

Le 18 février 1871, la garnison française sous la responsabilité du colonel Denfert-Rochereau quitte Belfort. L’armée prussienne prend possession de la ville. Le siège est terminé. Après la guerre, les forts des Perches sont remis en état par l’armée prussienne. Puis, ils seront complétement réaménagés à partir de 1874 par Séré de Rivière.