Les forces Françaises en présence

Imagerie Pellerin, Epinal, tous droits réservés (source gallica.bnf.fr / BnF)

Dès son accession au pouvoir, Napoléon III veut restaurer le prestige de l’armée impériale de son oncle Napoléon Ier. C’est dans cet esprit qu’il entreprend de moderniser son armée tout en entreprenant une politique étrangère risquée et beaucoup plus active que ses prédécesseurs.

Tout comme chez ses voisins allemands, la conscription est obligatoire en France depuis 1798. Le système français consiste à un recrutement à l’échelle départementale d’une classe d’âge. Les jeunes hommes sont invités à l’âge de 20 ans à se rendre dans leur chef-lieu de canton pour tirer au sort leur numéro de recrutement au service militaire. Les « mauvais numéro » intègrent l’armée pour un service de cinq ans et de quatre ans dans la réserve. Toutes la classes d’âge ne sont pas intégrées dans l’armée active et le système de recrutement permet à de nombreux jeunes gens d’échapper au service militaire (remplacement, dispense, exonération, etc.).

Chaque année, l’Assemblée Nationale vote un contingent de 100000 hommes sur les 400 à 500000 jeunes de la classe d’âge.

A la déclaration de guerre, l’armée française peut aligner 220000 hommes le long de la frontière nord-est de son territoire. Lors du siège de Belfort, la garnison compte 1/3 de ses effectifs provenant de l’armée active.

L’infanterie se compose de 3000 hommes environ.

Le fantassin de ligne français porte une capote longue à double rangée de boutons, un pantalon rouge garance ainsi que le képi. Il est armé d’un fusil Chassepot et de sa baïonnette-sabre. Il porte un havresac en cuir ainsi qu’un étui-musette. Le Havresac permet au soldat de porter demi-couverture, demie tente, piquet, gamelle, vivre et effets personnels, ainsi qu’une réserve de 90 cartouches, sans oublier un équipement collectif pour son escouade (plat à 4, bouthéon, serpe, etc.), le tout pouvant peser de 20 à 30 kg !

Infanterie française en tirailleurs - Imagerie Pellerin, Epinal, tous droits réservés (source gallica.bnf.fr / BnF)

L’artillerie compte 1040 artilleurs.

Le génie militaire enregistre une compagnie de sapeurs de 159 hommes. Il faut y ajouter les services de l’intendance militaire, de l’arsenal, de l’hôpital militaire et de l’état-major de la place.

A l’armée active s’ajoute la garde nationale mobile (cf. article précédent). L’infanterie de la garde nationale mobile comprend 1 bataillon du Haut-Rhin, 4 bataillons de Haute-Saône, 4 bataillons du Rhône, 1 bataillon de Saône et Loire, et de 4 compagnies de mobiles des Vosges, soit 12000 hommes.

La garde nationale mobile compte aussi 900 artilleurs (Haut-Rhin et Haute-Garonne) et 172 sapeurs du génie (Haut-Rhin).

Uniformes français de 1870 (source gallica.bnf.fr / BnF)

Aux troupes ci-dessus s’ajoute la garde nationale sédentaire, unité urbaine servie par les hommes en âge de porter une arme. Equipée par la municipalité, elle porte un uniforme distinctif et est armée de fusil anciens. Elle compte à Belfort 790 fantassins et artilleurs.

A l’appel de Léon Gambetta, les hommes des villages sont également mobilisés en octobre 1870. Cette unité est baptisée gardes nationaux mobilisés. Ce sont, autour de Belfort, près de 160 hommes mobilisés.

Certains services de l’état sont aussi appelés sous les drapeaux. A Belfort, cela représente plusieurs centaines de gendarmes, de douaniers (115 agents) et agents télégraphistes.

Enfin, la garnison compte 300 francs-tireurs issus de la troupe levée par Emile Keller. Cet ancien député belfortain a réussi à réunir 1000 hommes pour combattre principalement dans les Vosges et dans le Haut-Rhin.

La garnison du colonel Denfert-Rochereau est à l’échelle du siège de Belfort un bel exemple de la mobilisation organisée à l’échelle nationale pour lutter contre l’armée prussienne.

La diversité des unités, de leur équipement et de leur organisation a constitué un sérieux frein dans la manière de conduire la guerre.

A Belfort, le colonel Denfert-Rochereau a toutefois réussi à tenir malgré les aléas de cette organisation.