Les combats d'Essert et du Mont

1870, Essert, Cravanche et le Mont (source gallica.bnf.fr / BnF)

Malgré leur artillerie puissante, les Prussiens se trouvent trop loin pour véritablement bombarder la place, et surtout pour la prendre. Ils disposent bien de pièces pouvant couvrir une distance de plus de 6 kilomètres, mais en nombre limité. Il leur faut donc se rapprocher et prendre le contrôle des points hauts situés à environ 3 kilomètres, ou moins, de la place.

Tout le mois de novembre, d’incessants combats opposent les forces prussiennes et françaises dans la bande de 3 à 5 kilomètres autour de Belfort.

Du côté ouest, les prussiens s’emploient, à compter du 10 novembre, à prendre Essert. Pour les en empêcher, les soldats français occupent le Mont, point haut situé entre Essert et Cravanche, et ses environs. Durant 12 jours, le secteur connaît de nombreux mouvements de troupes des deux camps, des affrontements, des fusillades, des échanges d’artillerie, et une succession d’avancées et de reculs prussiens entre Chalonvillars et Essert ; mais pas d’attaque franche et massive d’un camp ou de l’autre.

Le 23 novembre, en revanche, vers quatre heures trente de l’après-midi, sous une pluie battante, une fusillade des plus violentes éclate et indique une attaque sérieuse. Les Prussiens débouchent par Essert, les bois du Salbert et du Coudrai, et attaquent à la fois le Mont et Cravanche. Les bataillons français ripostent. On se fusille des deux côtés presque à bout portant. A la nuit tombée, les Prussiens battent en retraite.

Le 24 novembre à l’aube, l’offensive prussienne reprend massivement du côté d’Essert. Les bataillons français sont contraints de battre en retraite, après des attaques leur ayant coûté plus de cinquante hommes. Les Prussiens tiennent Essert, et reprennent possession du Mont et de Cravanche.

Dès les jours qui suivent, les Prussiens entament d’importants travaux sur le versant sud du Mont, sur Essert et vers le sud-Est en direction de Bavilliers, et installent des batteries d’artillerie reliées entre elles par des tranchées. Sur environ un kilomètre sont installées pas moins de 28 bouches à feu.

Le Monde illustré, Batterie prussienne en 1870 sur le siège de Paris, gravure de presse (source gallica.bnf.fr / BnF)

Du côté français, on se prépare dès lors à l’imminence de la phase de bombardement. L’autorité militaire prévient les autorités civiles et les invitent à préparer la population.

Le 3 décembre, c’est d’Essert que les canons prussiens commencent à bombarder Belfort. Les obus se succèdent sans relâche, traversant la ville dans toute son étendue.

La place répond au tir de l’ennemi par un feu soutenu et bien ajusté, mais il est vite fait le constat qu’elle ne pourra faire taire complètement les batteries prussiennes, enterrées, peu visibles, difficiles à atteindre.

Durant les 73 jours que dura le bombardement, les batteries d’Essert firent finalement peu de dégâts à la Citadelle, mais d’importantes destructions en ville, au-dessus des habitants réfugiés dans les caves.