Les prisonniers de guerre

Octobre 1870, transport de soldats français faits prisonniers de guerre lors du siège de Metz

Avec les premiers engagements massifs d’août et septembre 1870, et la chute de Metz en octobre, et des places fortes alsaciennes, ce sont près de 380000 soldats français qui sont envoyés dans des camps d’internement de l’autre côté du Rhin. Cet afflux massif et sans précédent de prisonniers suscite vite un problème de gestion pour les états allemands qui se répartissent la tâche.

Des problèmes sanitaires, logistiques et organisationnels vont très vite se poser pour les autorités locales. Les prisonniers français sont internés dans des camps de fortune.

Du côté français, la question des prisonniers de guerre prussiens et de leurs alliés allemands est de moindre importance, car elle reste plus modeste en nombre (quelques milliers).

Durant le siège de Belfort, chaque camp saisit toute occasion pour faire des prisonniers de guerre chez la partie adverse.

Dès le 2 novembre 1870, veille du démarrage de la phase d’investissement de la place par les Prussiens, un bataillon de mobiles de la Haute-Saône se heurte à Sermamagny à plusieurs bataillons ennemis. Le commandant de ce bataillon, se voyant sur le point d'être encerclé, donne le signal de la retraite. Celle-ci ne se fait pas en très bon ordre et les Français perdent dans cette affaire une centaine d'hommes, dont la plupart sont faits prisonniers.

Le 15 novembre, un bataillon de mobiles impliqué avec d’autres dans une tentative de reprise de Bessoncourt, essuie un feu meurtrier qui fait aussitôt dans ses rangs de nombreuses victimes. Le bataillon bat en retraite et laisse entre les mains des Prussiens 200 de ses hommes, tués, blessés ou prisonniers.

Le 8 janvier, c’est environ 600 soldats français qui sont faits prisonniers à Danjoutin, comme expliqué à l’étape n°6 de notre circuit.

Les prisonniers de guerre français sont transférés par les Prussiens dans différentes régions de la coalition Allemande, et placés dans des camps établis dans de vieux forts ou casernes, dans des conditions d’hygiène précaires.

De leur côté, les Français font aussi des prisonniers de guerre dans les rangs prussiens.

Le 17 janvier, par exemple, les Français s’emparent d’un parc d'artillerie prussien à Châlonvillars et y font de nombreux prisonniers. Le 26 janvier, lors de l’attaque infructueuse des Perches par les Prussiens (cf. étape n°7), les Français font près de 260 prisonniers prussiens, dont 230 non-blessés.

Les prisonniers sont, pour Belfort, faute de place, un grand embarras. On ne sait comment les mettre à l'abri. Ils sont pour la plupart enfermés dans la prison de la ville, place d’Armes.

Studio Gerst et Schmidt, La place d'Armes et la prison, tirage albuminé contrecollé sur carton, février 1871 ©Musée(s) de Belfort

Les prisonniers prussiens subissent comme les Belfortains les rigueurs du bombardement.

Le 31 janvier pendant la nuit, un obus prussien tombe sur la prison. Une vingtaine de prisonniers sont atteints par les éclats. Quatre sont tués sur le coup. Les autres sont gravement blessés. Le colonel Denfert-Rochereau accorde alors le transfert d'une centaine de prisonniers dans les casemates du fort des Barres. Les autres restent gardés à la prison faute de place ailleurs pour leur mise à l’abri.

Les prisonniers prussiens blessés sont soignés, comme les soldats français et les civils belfortains, dans les différentes Ambulances de la ville.

Le 5 février, quatre prisonniers prussiens sont à nouveau blessés dans la prison. Les autres, exaspérés, sont sur le point de se révolter. Il faut employer la force et la menace pour ramener le calme. Le lendemain, les officiers allemands internés prennent le parti d'écrire au colonel Denfert-Rochereau pour le prier, soit de leur donner un abri plus sûr, soit de les rendre à leur général, le général von Tresckow.

Denfert Rochereau leur répond qu’il est prêt à ne conserver comme prisonniers de guerre que les officiers et soldats qu’il sait mettre à l'abri, à condition que le général von Tresckow autorise de son côté la sortie de Belfort des femmes, enfants et vieillards, comme demandé par la Confédération Suisse.

Denfert-Rochereau adresse au général von Tresckow une requête en ce sens, accompagnée de la lettre des prisonniers prussiens.

Le général prussien rejette sèchement la requête de ses officiers.

Les prisonniers de guerre prussiens maintenus dans la prison de Belfort continuent jusqu’au terme du siège de subir les bombardements, à l’instar de la population civile.

Le 10 février, une bombe tombe encore sur la prison et vient exploser dans la chambre occupée par des officiers prussiens, heureusement vide à ce moment-là.

Le terme du siège approche.

Le 16 février, la convention définissant les modalités de reddition de la place de Belfort fixe les conditions de restitution aux Prussiens de leurs compatriotes prisonniers des Français :

« Les prisonniers allemands, blessés ou non, qui sont internés à Belfort, au nombre de 7 officiers et 243 hommes, seront remis aux troupes allemandes le 18 février à 10 heures du matin, dans leurs casernements actuels. »

Le sort des prisonniers de guerre français est quant à lui laissé aux soins de commissions chargées après la guerre de la remise des malades et prisonniers restés en possession de chacune des deux nations.