Le fort des Barres

Belfort et le fort des Barres en 1870-1871 (source gallica.bnf.fr / BnF)

Seul fort construit par Aristide Denfert-Rochereau, qui n’était alors que chef de bataillon du génie, ce fort a fait l’objet de plusieurs projets avant d’être bâti, et achevé à la veille du siège de 1870.

Déjà en 1818, le général Benoit Haxo mettait en évidence le besoin de sécuriser la ville pour parer des tirs pouvant venir de la colline des Barres et empêcher son occupation par un adversaire.

Entre la 1ère étude en 1831 et la fin des travaux en 1870, ce ne sont pas moins de 13 projets qui ont été soumis au comité du génie à Paris. Pour la majeure partie d’entre eux, les contraintes économiques (déjà) en ont empêché la réalisation.

Deux événements sont cependant importants à considérer au cours de ces 39 années :

Dans les années 1850, l’arrivée du chemin de fer impacte le plan d’urbanisme de la ville en créant une tranchée entre la colline des Barres et l’enceinte fortifiée de la ville. Cette tranchée pouvant servir de voie d’accès couverte pour l’ennemi, il devient impératif de fortifier l’ouest de Belfort et par conséquent les Barres.

Autre événement : les moyens de l’artillerie évoluent avec l’apparition de canons rayés, offrant une plus grande précision et surtout une portée plus longue, de l’ordre de 3000 à 3500 m (contre 1000 à 1200 mètres précédemment).

En 1865, nouvellement installé à Belfort, le chef de bataillon du génie Aristide Denfert-Rochereau soumet au comité un nouveau plan complétement revu dans l’organisation du fort (traverses, chemin de ronde, caserne pour 400 hommes) ; là encore jugé trop onéreux. Un nouveau plan est soumis en 1866 et enfin approuvé avec quelques modifications pouvant générer des économies.

Le fort des Barres photographié par Adolphe Braun en 1871 ©Archives municipales de Belfort

En 1887, les casernes implantées dans l’enceinte du fort sont nommées « Hatry », du nom du général Jacques Maurice Hatry qui s’est illustré pendant les guerres de révolution. Par extrapolation, le fort des Barres est rebaptisé fort Hatry, son nom officiel restant toutefois fort des Barres.

En 1893, des casernes sont construites sur l’esplanade intérieure du fort et le 9ème bataillon d’artillerie à pied y prend quartier.

En 1944, les allemands en font une prison et 25 résistants y sont fusillés.

Le fort Hatry, carte postale, début XXe siècle

Enfin, en 1980, l’armée cède le fort à la ville de Belfort. Les casernes sont démolies en 1985. L’esplanade reste vierge de bâtiment jusqu’au début des années 2000. Un gymnase (le Phare) puis le conservatoire Henri Dutilleux y sont construits.

Les deux fronts bastionnés, les grandes traverses ainsi que le casernement sont toujours visibles aujourd’hui. La caserne accueille les répétitions de groupes de Rock (“Rock Hatry”).

Le fort des Barres est le seul ouvrage militaire d’importance construit durant la carrière du colonel Denfert-Rochereau. Durant le siège, le fort a joué un rôle essentiellement dissuasif. L’état-major de l’armée prussienne assiégeante n’en entreprit ni l’attaque ni l’assaut.

Ouvrage le plus occidental de la place forte, il a surtout été utile par les tirs de ses canons en direction d’Essert et de Bavilliers. La garnison de ce fort était composée des gardes nationaux mobiles du 4ème bataillon de Haute-Saône ainsi que d'artilleurs de la garde nationale mobile du Haut-Rhin.

Les soldats du fort sont logés dans les wagons installés dans la tranchée de chemin de fer. Les officiers occupent certaines casemates. Très vite, on s’aperçoit qu’elles sont très insalubres.

Le fort des Barres devient alors une prison, tout d’abord pour les soldats de la garnison condamnés par les conseils de guerre à des peines de prison, puis par des prisonniers de droit commun qui occupaient la prison de Belfort.

Après l’assaut prussien mené contre les Perches et l’arrivée de près 220 prisonniers de guerre prussiens, ces derniers sont aussi envoyés dans les casemates du fort des Barres.

Image page précédente : source gallica.bnf.fr / BnF